en juillet 2008

  

ISOIRD Henriette, Antoinette, Anne
née LALANDE

Née le 16 septembre 1921 à Cette (Sète)- Morte le 17 Juin 2011 à Sète - Fille de Théodore Lalande (Journalier) et de Finizia D’Amato - Sténodactylo – Membre de l’ARAC et de la FNDIRP – Déportée – Communiste -  Militante UFF -

 

 

 
 

 

 Militante à l’Union des Jeunes Filles de France en 1937. Elle organise des collectes d’argent, de vivres et de vêtements pour venir en aide à l’Espagne Républicaine. Dès que la collecte permettait de remplir un camion, celui-ci partait de Sète en direction de Barcelone. Début 1941, elle est responsable d’un groupe de Jeunes Filles du PCF avec Marie-Louise Cippola (Mirallès) et Antoinette Bonnieu Denjean. Ce groupe avait créé, avec les Jeunesses Communistes, une section artistique qui organisait des soirées dans tous les villages de l’Hérault et plus particulièrement aux alentours de Sète. Collecte d’argent, toujours en faveur de l’Espagne, mais aussi pour envoyer des colis aux jeunes filles dans les sanas et venir en aide aux ouvriers qui se mettaient en grève.

Elle entre en 1942, dans un réseau de Résistance FTPF. Là, la collecte d’argent servait à venir en aide aux maquis. Elle distribuait des tracts et des journaux clandestins. Elle participa à l’organisation de manifestations et notamment à celles des ménagères sétoises pour réclamer des tickets de pain et participer aux manifestations des dockers du port de Sète. Une des missions assignée à son groupe était d’orienter les jeunes qui voulaient se soustraire au STO vers la Résistance en leur proposant de rejoindre les maquis de l’Hérault, de l’Aude, des Pyrénées Orientales, du Gard et même de l’Ariège où elle avait le rôle d’agent de liaison.

Arrêtée le 4 octobre 1943, sur son lieu de travail à Sète, par la PJ de Montpellier, elle sera écrouée à la maison d’arrêt de Montpellier. Jugée le 18 janvier 1944, par un tribunal  spécial et condamnée à un an de prison pour activité terroriste. Elle sera transférée à la prison des Baumettes à Marseille le 23 janvier 1944. Une évasion manquée, la conduira à la Petite Roquette à Paris et à la centrale de Rennes où elle fut remise aux allemands par les autorités françaises.

Le 1er juin 1944, elle part en wagon cellulaire pour l’Allemagne. Ce fut un premier arrêt au camp de concentration  de Sarrebruck jusqu’au 16 juin 1944. A son arrivée dans ce camp, toutes ses affaires et objets personnels sont confisqués. Le 17 juin destination Ravensbrück où elle rencontrera Martha Desrumeaux, grande résistante du Nord et militante ouvrière. Affublée d’une robe rayée, de claquettes pour tous souliers, d’une gamelle et d’une cuillère à garder jalousement, elle a pour identité un numéro de matricule – 42188 – qu’elle doit apprendre en allemand. Suite à une épidémie de scarlatine, une quarantaine est observée de mi-juin à fin juillet 1944. Elle se souviendra toute sa vie des humiliations subies (défilé toutes nues devant les SS, nues sous la pluie, prélèvements vaginaux, etc…). C’est à Ravensbruck qu’elle (à) a  le plus souffert de la faim. Puis direction Leipzig, dans des wagons à bestiaux. C’est au camp de Hazag-Schonfeld qui dépendait de Buckenwald que commencera le travail forcé. Toutes les semaines, de nouveaux convois arrivent de Pologne, de Tchécoslovaquie, de Grèce. De nouveaux numéros d’immatriculations sont attribués, le sien sera 3948. Pendant son séjour à Leipzig, le camp sera bombardé à trois reprises, elle se souviendra que six déportées furent tuées, mortes sous les bombes alliées.

Le 25 avril 1945, devant l’avancée des armées alliées le camp a été évacué. Sur les routes elle marche pendant de longues journées. Celles des prisonnières qui ne pouvaient plus suivre étaient achevées d’une balle de revolver. Au cours d’un bombardement, les S.S s’enfuirent, les laissant seules. Cherchant de la nourriture, mendiant chez des particuliers, elles seront reprises par la gendarmerie allemande qui les dirigera ensuite vers des centres de réfugiés où elles trouveront des civils Italiens, Grecs et quelques Français qui travaillaient en Allemagne. Un jour, alors qu’elles étaient réfugiées dans une grange dans la banlieue de Dresde, elle gardera en mémoire, que vers dix huit heures, un grand coup de canon se mit à retentir et le ciel s’embrasa de rouge. C’était la fin de la guerre et des souffrances, c’était le 8 mai 1945. Embrassades et larmes de joie saluèrent l’évènement auquel elles ne croyaient plus.

Dès le lendemain des soldats russes seront là. Le dialogue s’instaurera tant bien que mal, ils leur donnent de la nourriture et des vêtements récupérés dans la ferme. Elles reprendront la route et rencontreront des colonnes de prisonniers de guerre Français. Habillées avec des calots et des capotes de soldats, ils voyageront ensemble dans des wagons de marchandises jusqu’à la frontière française. La vue du drapeau tricolore leur arrachera des larmes.

A Charleville-Mézières, elles seront séparées des prisonniers de guerre et après avoir subi une désinfection, elles déclineront leurs identités, leurs conditions de détention, etc…Elles pourront envoyer un télégramme à leurs familles et on leur remettra une somme de 3.000 frs. La liberté retrouvée,  avec ses deux camarades, Marie-Louise Cipolla-Mirallès, Marie Antoinette Bonnieu-Denjean, arrêtées le même jour et ayant subi les mêmes souffrances, elles ont tout fait pour rester ensemble jusqu’à ce jour où elles prendront le premier train en partance pour Sète où elles y arriveront le 1er juin 1945.

Henriette Lalande reprendra une activité militante. Elle sera responsable de l’Union des Femmes Françaises. En novembre 1946 elle sera candidate en 11ème position, après Bravet Marius, sur le 1er Secteur électoral de Sète, sur la liste conduite par le Communiste Pierre Arraut.

Peut de temps après son retour à Sète, elle épousera Eugène Isoird, docker, le 04 août 1945. Il fut lui-même prisonnier de guerre durant 5 ans en Allemagne. Ils auront trois garçons. Eugène sera Conseiller municipal communiste du 26 avril 1953 à fin mars 1977.

Henriette Lalande-Isoird mènera ensuite une action de témoignage dans les établissements scolaires

Elle fut élue présidente de la section de Sète de l’Association des Déportés Internés Résistants Patriotes le 14 décembre 1998, elle le sera jusqu’en 2000.

 

Sources: «  Le Travailleur du Languedoc » du 23 novembre 1946 – Fédération de l’Hérault du PCF - Mémoire de maîtrise d’Edouard Martin « Le Parti Communiste dans la Résistance – 1939-1941) sous la Direction de Raymond Huard UFR III – Université de Montpellier – octobre 1992 –p.140 – « Le croque notes » bulletin intérieur n°35 de l’association des déportés Internés Résistants Patriotes de Sète (Octobre-Novembre-Décembre 1998) - Archives Jacques Blin – Souvenirs rédigés par Henriette Lalande-Isoird en Novembre 2003.

 Jacques BLIN