BEILLE Antoine, Henri, Paul (commandant Nassin dans les FTP)

Né le 30 août 1917 à Nissan les Ensérune (Hérault), mort le 13 octobre 2007 à Sète.

 

 
 

Ici en compagnie du Professeur Jacques Roux lors d'une réunion du Mouvement de la Paix à la Bourse du Travail de Sète.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fils d’un petit viticulteur – Ernest Beille – qui fut l’un des fondateurs de la Cave coopérative de Nissan. Antoine put faire ses études supérieures à Montpellier grâce à l’aide de sa famille. Après une licence et un DES en espagnol, il préparait l’agrégation quand intervint la mobilisation de septembre 1939. Incorporé conformément à son choix dans le 21ème régiment de marche des volontaires étrangers, il fut grièvement blessé en mai 1940 dans les Ardennes. Il ne quitta l’hôpital militaire de cahors qu’en juin 1941. revenu à Montpellier, il se maria le 6 juillet 1941 avec Germaine Albert, étudiante en pharmacie et elle aussi fille de viticulteurs de Nissan. Le militantisme d’Antoine Beille s’enracine dans l’antifascisme, la résistance et un combat permanent pour la Paix. Pendant la Guerre d’Espagne, il fut impliqué avec sa famille dans l’aide aux républicains espagnols. Cette aide se poursuivra après la seconde guerre mondiale sous la forme de participation à des actes de solidarité en faveur des anti-franquistes. Il devint membre correspondant de l’Union des Combattants de la Guerre d’Espagne. En novembre 1979, il assista au Congrès national de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre) qui se tint à Montpellier avec la participation d’une délégation espagnole de la UNEX (Union de excombatientes de la Guerra de Espana) et il fut ensuite à deux reprises, en février 1981 et en décembre 1982, le délégué de l’ARAC à la conférence internationale de Madrid pour la sécurité et la paix en Europe.

La résistance s’exerça sous plusieurs aspects : dès 1941, il adressa des amis juifs à ses parents, et son village de Nissan accueillit au total une trentaine de juifs auxquels furent fournis de faux papiers. Antoine Beille, ses parents et son épouse Germaine, ont reçu la Médaille des Justes décernée par Israël. D’abord intégré dans l’AS (Armée secrète) en 1941 sur la sollicitation de son colonel qui était responsable AS en Languedoc-Roussillon, il rejoignit en octobre 1942 le Front national à Saint-Pons (Hérault) où il venait d’obtenir son premier poste de professeur d’espagnol. Il s’agissait d’aider le maquis FTPF. Jean Grandel, essentiellement composé de communistes sétois. Antoine Beille devint le responsable militaire du réseau allant de Nissan à La Salvetat. Son pseudonyme dans la clandestinité était Nassin, anagramme de Nissan. Il prit contact dans la clandestinité avec la cellule communiste de Nissan. Président du comité local de Libération de Nissan à la Libération, il soutint en accord avec son père Ernest Beille l’option de la liste unique aux élections municipales d’avril 1945. Il refusa de prendre la tête de la liste socialiste quand la section SFIO choisit de présenter une liste séparée. En 1945, son évolution politique fut alimentée par les contacts pris avec Jean Zyrowski qui, après avoir représenté l’extrême gauche du Parti socialiste, décida d’adhérer au Parti communiste . Le 22 décembre 1945, « Le Travailleur du Languedoc » publie la lettre de demande d’adhésion au PCF d’Antoine Beille « Professeur – Président du Comité de Libération ». Son père avait partagé ses vues sur la nécessité de l’union des composantes de la gauche. Déçu, mais fidèle à ses convictions, il ne reprit pas sa carte du Parti socialiste, mais il ne suivit pas son fils au Parti Communiste.

Le pacifisme fut le dénominateur commun à tous ses actes: il fut l’un des fondateurs du Mouvement de la Paix à Nîmes et à Sète. Il resta président du conseil communal de la paix de Sète pendant quarante cinq ans et membre du conseil national du Mouvement de la Paix.

Après la guerre, il obtint le CAPES en Espagnol en 1947. Il fut professeur à Nîmes au Lycée Daudet de 1947 à 1949, puis à Sète, où il fut nommé en 1949, au Lycée Paul Valéry. Militant communiste, il exerça en même temps une activité syndicale d’abord à la CGT, puis au SNES à partir de 1950. En 1956, il devint membre du comité fédéral communiste de l’Hérault et conseiller municipal à Sète, en 1959. Elu municipal jusqu’en 1983, il exerça les fonctions d’adjoint au maire pour l’enseignement public et la culture (1959) puis pour la section des pêches maritimes (1959), et de délégué aux Anciens combattants et victimes de guerre;

Il contribua à animer la bataille politique des Pêcheurs Communistes et fut un artisan de l’édition du journal « La Voix des Pêcheurs » qui paru entre 1958 et 1960, sous forme d’un supplément du « Travailleur du Languedoc »

En 1964-65. Antoine Beille qui était adjoint délégué à l’enseignement public et aux beaux-arts évoqua un jour cette période avec notamment la construction du Musée Paul Valéry.

« Afin d’économiser les deniers de la Ville, j’avais demandé officiellement la transformation à V.Hugo, du cours complémentaire Municipal en Collège d’Etat, donc pris en charge par l’Etat. Après diverses démarches, satisfaction nous fut donnée et il a fallu envisager l’aménagement des locaux en Collège. Mais l’espace manquait. Or au premier étage était installé le Musée Municipal dont le conservateur était Gabriel Couderc . Je le mis au courant de la situation et en conclusion, il nous apparut que le déménagement du musée permettrait de solutionner le problème scolaire. Le Bureau Municipal présidé par le Maire Pierre Arraut, fut informé et je proposais la construction d’un Musée. Après discussion, ma proposition fut acceptée à l’unanimité et on me donna le feu vert pour mettre au point un dossier. Au cours de la discussion P. Arraut avait suggéré d’implanter ce Musée sur un terrain jouxtant le Cimetière Marin et la proposition fut également adoptée…Quand le dossier fut complet, avec G. Couderc nous sommes allés le présenter à Paris, au Ministère de la Culture et des beaux-arts. Nous revînmes à Sète avec la promesse de la subvention nécessaire… »

En 1962, il fut membre fondateur à Paris de l’association France-Cuba.

Antoine Beille a reçu la croix de guerre avec palme en 1940 et la médaille militaire en 1949. Son action résistante lui a valu, outre la Médaille des Justes, en 1983, la croix de guerre avec étoile d’argent au titre de la résistance. Il est devenu chevalier de la Légion d’Honneur en octobre 1983. Le Colonel Henri Rol – Tanguy lui remit cette distinction.

En août 1994, avec la Section de Sète du PCF, fut célébré le 50ème anniversaire de la Libération, il fit une Conférence salle Brassens devant une salle bien remplie. Il retraça la place des communistes sétois dans la Résistance. Le corps de cette conférence devait servir de support à la rédaction d’un ouvrage qui ne vit jamais le jour.

En 2002, il publiait « aux presses littéraires », un livre qu’il avait écrit et qui lui tenait à cœur « L’histoire du muscat sur le terroir du Pays d’Ensérune ».

Sources : A.D.Hérault ( séries M et W).- Le Travailleur du Languedoc et son supplément La Voix des pêcheurs de 1958 à 1960.-Entretiens avec Antoine Beille les 18 août et 25 novembre 1998.- Archives privées d’Antoine Beille.--Lucien Lazare, "  Le Livre des Justes " ,éd. J.C.Lattès, Paris, 1993. Hélène Chaubin. - Archives de Jacques Blin

Jacques BLIN